Pourquoi l’amour au cinéma est un éternel premier chapitre ?

seduisante jeune couple caucasien regardant film dans cinema maison cinema ayez air expressif etonne emotif s asseoir seul s amuser relation amour famille week end 155003 25531

Dans les films et séries, l’amour est une quête. Un tourbillon d’émotions, de rencontres fortuites, de quiproquos, de déclarations enflammées… jusqu’au moment tant attendu où le couple se forme enfin. Et là, rideau.

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Fin de l’histoire.

Mais pourquoi l’écran s’éteint-il toujours au moment où tout commence vraiment ? Pourquoi l’amour qui dure ne semble-t-il pas digne d’intérêt ? À croire que seule la séduction a de la valeur, que la relation en elle-même ne peut être racontée qu’à travers des crises et des drames.

Ce schéma n’est pas anodin. Il influence profondément notre perception de l’amour et nourrit l’idée que sans obstacles, sans séparations, sans retrouvailles spectaculaires, une histoire est fade. Comme si le bonheur en couple était ennuyeux.

Alors, le cinéma nous ment-il sur l’amour ? Et pourquoi avons-nous tant de mal à imaginer une relation stable comme un récit passionnant ?


Découvre l’article [Quand l’ex du passé devient le voisin du présent : coïncidence ou fatalité ?]


Pourquoi le cinéma ne croit pas aux couples qui durent ?

Si on regarde bien, les couples qui tiennent dans les séries et films sont… quasi inexistants. Ou alors, ils sont en crise permanente. Prenons Desperate Housewives : Bree, Susan, Lynette et Gabrielle sont tour à tour divorcées, veuves, trompées, en pleine dépression ou piégées dans un mariage qui s’effondre. La vie de couple y est montrée comme une épreuve, une source de conflits sans fin.

Et ce n’est pas mieux du côté des séries cultes :

  • Ross et Rachel dans Friends passent dix saisons à se séparer et se retrouver.
  • Meredith et Derek dans Grey’s Anatomy enchaînent drames, infidélités et tragédies avant même d’être un vrai couple.
  • Carrie et Big dans Sex and the City se tournent autour, se quittent, se retrouvent… pour maintenir l’intérêt.

Dans ces récits, l’amour n’a de saveur que dans la souffrance et l’attente. Un couple heureux et stable ? Pas assez excitant pour rester au premier plan. Alors on le détruit ou on le met en retrait. Comme si, une fois ensemble, il n’y avait plus rien à raconter.

Mais pourquoi cette réticence à montrer l’amour qui dure ? Parce que la séduction, la conquête et les obstacles sont considérés comme plus “cinégéniques”. Un flirt interdit, une passion contrariée, une relation qui survit à l’impossible… voilà ce qui captive le spectateur. Une histoire d’amour sereine, où deux personnes évoluent ensemble, sans drame artificiel ? Trop plat, jugeraient les scénaristes.

Et pourtant, dans la vraie vie, c’est bien la construction du couple qui est la véritable aventure. Mais ça, Hollywood (et le monde du cinéma) ne semble pas vouloir nous le montrer…


Découvre l’article [Pourquoi prendre du temps pour soi en tant que parent est essentiel ?]


Pourquoi le cinéma ne filme que le début des histoires d’amour ?

Il y a un schéma classique dans les films romantiques : on suit les personnages qui se rencontrent, se séduisent, affrontent des obstacles, doutent, se battent pour être ensemble… puis enfin, au bout de 90 minutes, ils s’embrassent. Générique de fin.

C’est le cas dans les grands classiques du genre :

  • Pretty Woman : une rencontre improbable, une idylle compliquée, et hop, happy end sur un baiser.

  • Bridget Jones : une héroïne maladroite, deux prétendants, une série de quiproquos et, à la fin, elle court dans la rue en sous-vêtements pour rejoindre Mark Darcy.

  • Coup de foudre à Notting Hill : une star et un libraire qui se tournent autour pendant tout le film… jusqu’à la déclaration finale.

  • Jeux d’enfants : une relation toxique et passionnelle qui finit dans une scène aussi absurde que romantique.


Dans ces films, tout l’intérêt est dans le chemin vers l’amour, pas dans l’amour lui-même. Une fois le couple formé, on considère que l’histoire est terminée. Pourtant, c’est là que tout commence ! Mais le cinéma préfère nous vendre l’intensité du premier frisson, plutôt que la richesse de ce qui vient après.

Et quand un film décide de raconter une histoire d’amour qui dure… ça finit souvent en tragédie.


Découvre l’article [5 rituels en duo : pour se retrouver au quotidien]


Pourquoi les histoires d’amour qui durent finissent-elles en drame ?

Comme le chantaient Les Rita Mitsouko : “Les histoires d’amour finissent mal… en général !” Et le cinéma semble avoir pris cette phrase au pied de la lettre. Lorsqu’un film ose raconter une relation qui dure, il ne peut s’empêcher de la conclure par une tragédie.

Quelques exemples parmi les plus emblématiques :

  • Titanic : Rose et Jack, un amour fulgurant… qui se termine dans les eaux glacées de l’Atlantique.

  • Ghost : une histoire d’amour qui défie la mort… justement parce que l’un des deux meurt.

  • Bodyguard : passion intense entre une star et son garde du corps… mais ils ne finissent pas ensemble.

  • Sur la route de Madison : une histoire d’amour adulte, belle et sincère… qui ne peut exister qu’en souvenirs.

C’est comme si une relation heureuse et stable n’avait aucun intérêt narratif. Pour qu’une histoire d’amour reste marquante, le cinéma semble penser qu’elle doit être brisée. Soit par une rupture, soit par la mort, soit par une séparation douloureuse.

Pourquoi ce besoin d’arracher les couples au bonheur ? Parce que la souffrance et le manque sont des moteurs d’émotion puissants. Un amour impossible marque plus qu’un amour qui fonctionne. Un couple heureux qui vieillit ensemble ? Beaucoup trop paisible pour captiver l’audience.

Mais cette vision dramatique influence profondément notre rapport à l’amour. Elle nourrit l’idée qu’une relation n’est forte que si elle est éprouvée par des tempêtes. Que la passion ne peut exister sans obstacles. Et que, finalement, l’amour est toujours voué à la tragédie.

Mais est-ce vraiment la seule façon de raconter une histoire d’amour ?


Découvre l’article [Les séries Netflix ont-elles remplacé les rendez-vous ?]


Pourquoi les histoires d’amour heureuses ne vendent pas ?

Si le cinéma privilégie la passion naissante et les drames amoureux, c’est parce qu’une histoire d’amour stable est perçue comme… ennuyeuse.

Dans un film, tout repose sur le conflit : un obstacle à surmonter, un doute, une tension dramatique. Or, dans une relation bien installée, ces éléments sont souvent moins visibles. Une dispute sur la répartition des tâches ménagères ou une discussion sur la couleur des rideaux ne semblent pas aussi palpitantes qu’une déclaration d’amour sous la pluie ou une rupture déchirante sur fond de musique mélancolique.

Les scénaristes misent donc sur ce qui crée du mouvement, de l’émotion forte, de la tension :

  • L’attente (est-ce qu’ils vont finir ensemble ?),

  • La séparation (ils étaient faits l’un pour l’autre, mais quelque chose les en empêche),

  • Le drame (un amour qui aurait pu être parfait, mais que le destin brise).

En comparaison, un couple qui dure et s’aime au quotidien semble beaucoup moins cinématographique. Et pourtant, il existe des films qui prouvent que l’amour peut être passionnant même sans rupture ni tragédie.

La trilogie Before Sunrise / Before Sunset / Before Midnight explore l’évolution d’un couple sur plusieurs décennies, avec des dialogues intenses et profonds qui montrent à quel point l’amour mature peut être fascinant.

Coup de foudre à Manhattan et Le journal de Bridget Jones 2 essaient d’explorer la vie du couple après la phase “magique” de la romance, avec plus ou moins de succès.

Certains films d’animation, comme Là-haut de Pixar, réussissent à nous émouvoir en quelques minutes avec une histoire d’amour simple, mais authentique et belle dans la durée.


Ces exemples restent minoritaires, et la plupart des films continuent de nous vendre une vision biaisée de l’amour, où seul le début compte, où le couple ne peut survivre sans drame, et où une relation heureuse semble trop fade pour mériter d’être racontée.

Mais qu’est-ce que cela dit sur notre perception de l’amour dans la vraie vie ?


Découvre l’article [Un bébé, un couple : Se réinventer pour mieux communiquer]


Et si on était mal éduqués à l’amour ?

Depuis toujours, le cinéma nous vend une vision biaisée de l’amour : l’intensité du début, la passion du premier regard, les obstacles à surmonter… mais jamais la suite. Comme si une relation stable et épanouie n’avait rien d’intéressant, comme si sans drame ou séparation, l’amour devenait fade. Cette idée s’ancre profondément en nous, nous faisant croire que le bonheur simple n’est ni captivant ni désirable.

Alors, sans même y penser, on cherche l’excitation du début, on craint la routine, on se demande si une relation sans chaos peut vraiment être “la bonne”. Mais est-ce la réalité, ou juste un récit qu’on nous a inculqué ? Peut-être est-il temps de revoir notre façon de penser l’amour, de cesser de le croire figé dans une éternelle quête et d’apprendre à apprécier ce qui vient après le générique de fin.

Et vous, pensez-vous que le cinéma influence notre façon de voir l’amour ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *