
Impossible d’y échapper : nos fils d’actualité sont remplis de photos et de vidéos d’enfants. Des bouilles trop mignonnes au premier jour d’école, des anniversaires colorés, des exploits sportifs filmés du bord du terrain… Les réseaux sociaux sont devenus une véritable vitrine de l’enfance. Mais derrière ces images adorables se cache une réalité plus complexe : la plupart de ces enfants ne comprennent pas vraiment ce que cela signifie d’être exposé en ligne. Ils n’ont pas donné leur avis, ils ne mesurent pas la portée de ces publications… et pourtant, leur vie est déjà partagée avec des inconnus aux quatre coins du monde.
Alors, simple partage d’amour ou exposition involontaire ? C’est la question que soulève une campagne de sensibilisation choc qui circule en ce moment sur les réseaux.
Le consentement, même chez les plus petits
On a parfois tendance à l’oublier : nos enfants ne nous appartiennent pas. Ce sont des personnes à part entière, avec leurs droits, leur intimité, leur futur. En publiant leurs photos via son téléphone portable, on prend une décision qui aura un impact bien au-delà de l’instant présent.
Bien sûr, à six mois, à trois ans ou même à dix ans, un enfant ne peut pas mesurer ce que représente Internet. Mais cela ne veut pas dire que son droit à l’image n’existe pas. En fait, c’est précisément parce qu’il ne peut pas se protéger lui-même que notre rôle de parent est crucial.
Dire « mais il était d’accord » n’a pas vraiment de sens quand on parle d’un petit. Un enfant peut sourire pour la photo, être fier de son dessin ou content d’apparaître sur ton compte Insta. Mais est-ce qu’il a conscience que cette photo pourra rester en ligne des années, qu’elle pourra être vue par des inconnus, réutilisée, voire moquée ? Non.
Le consentement, ce n’est pas juste un sourire devant un objectif. C’est une compréhension et un choix éclairé. Et ça, seul un adulte peut le faire. Alors, au fond, la vraie question est : est-ce qu’on publie pour eux… ou pour nous ?
Une campagne qui frappe fort
C’est justement cette question qu’une campagne de sensibilisation récente met en lumière de manière brillante. Dans la vidéo, une maman se balade dans la rue en distribuant des photos de sa fille à des passants. Tout en souriant, elle commente :
- « Elle est trop belle ma fille, regardez ! »
- « Elle est forcément d’accord, elle a 6 ans. »
- « Elle est à l’école juste à côté, là. »
- « Elle fait du sport ici tous les jours à 17h. »
Et, cerise sur le gâteau : elle encourage les gens à garder la photo, car elle en a plein d’autres.
Vu comme ça, c’est choquant. Qui oserait donner l’adresse de l’école ou l’emploi du temps sportif de son enfant à des inconnus dans la rue ? Personne. Et pourtant… c’est exactement ce qu’on fait quand on publie ces informations en ligne.
Pourquoi c’est dangereux ?
Alors, pourquoi faut-il vraiment réfléchir avant de poster ?
- Parce que l’exposition est permanente
Chaque photo publiée laisse une trace. Même si on supprime, même si on croit contrôler la confidentialité, il reste toujours une copie quelque part. Ces images contribuent à construire une identité numérique… parfois avant même que l’enfant ne sache écrire son prénom. - Parce qu’il y a des risques de sécurité
Donner des détails sur l’école, les horaires d’activité ou la géolocalisation d’une photo, c’est livrer bien plus d’informations qu’on ne le pense. Ces données peuvent être utilisées par des personnes mal intentionnées. Le web n’est pas un cocon sécurisé : c’est un espace public. - Parce que l’enfant peut en souffrir plus tard
Imagine un adolescent qui découvre que son enfance entière est documentée sur Internet : ses photos de bain moussant, ses colères, ses maladresses. Cela peut devenir source de moqueries, d’embarras, voire de conflits familiaux. On pense partager un souvenir attendrissant… mais pour lui, ce sera peut-être une invasion.
Partager fait partie de notre époque. On a envie de montrer leur sourire, leurs progrès, nos fiertés de parents. Mais protéger fait aussi partie de notre rôle. Et si la vraie question n’était pas : « Est-ce que je peux poster ? »… mais plutôt : « Est-ce que je dois poster ? ».
La vidéo choc met en évidence un paradoxe : ce qui nous scandalise dans la rue nous semble banal sur Internet. Pourtant, l’exposition est la même.
En tant que maman hybride, je ne crois pas qu’il y ait une bonne ou une mauvaise réponse universelle. Chacun trouve son équilibre. Mais je crois qu’il est essentiel d’ouvrir la réflexion, sans jugement, pour que nos choix de parents soient faits en conscience.
Et toi, comment tu gères le partage de la vie de tes enfants sur les réseaux ? Tu poses… ou tu protèges ?
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