L’injonction de l’homme idéal : quand l’amour devient une course au “plus que moi”

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Je vais être honnête : dans ma vie amoureuse, j’ai toujours eu un critère caché, un petit filtre intérieur impossible à débrancher. Mon homme doit être “plus que moi”. Plus grand que moi, plus beau que moi, plus intelligent que moi, plus vieux que moi, plus cultivé que moi… bref, une image préfabriquée du couple idéal que j’ai intériorisée comme beaucoup de femmes.

Et soyons claires : ce n’est pas seulement une question de goût personnel. C’est une construction sociale, culturelle, cinématographique même ! Quand j’observe mes propres choix et ceux des femmes autour de moi, je vois que nous sommes nombreuses à être prisonnières de ce modèle.

Alors parlons-en : pourquoi cherchons-nous encore ce fameux homme “idéal”, supérieur sur tous les plans ? Est-ce que ça fait vraiment durer une relation ? Et surtout… comment on s’en libère un peu pour trouver l’équilibre ?

Pourquoi j’ai besoin d’un homme “plus que moi”

Dans ma tête, impossible de me promener main dans la main avec un homme plus petit que moi. Impossible de présenter à mes amies un mec moins cultivé que moi. Impossible de me sentir à l’aise avec un homme plus jeune que moi. Ça peut paraître dur, mais c’est ancré.

Exemple concret :
Je me souviens d’un homme rencontré un peu par hasard. Super grand (1m95 pour moi c’est la taille rêvée alors que je fais 1m65), blond aux yeux clairs (comme moi mais en mieux bien sûr), bien installé dans son job alors que moi j’entrais à peine dans la vie active. Bref, il cochait beaucoup de cases. Et pour ne rien gâcher, au lit c’était un vrai roller coaster et version XXL.

Mais… il lui manquait une chose : il n’était pas cultivé, pas très malin avec le recul. Et malgré toutes ses qualités physiques (et il en avait beaucoup !), je n’étais pas fière de le présenter à mes copines. Parce qu’il ne cochait pas toutes les cases du fameux “plus que moi”. Résultat ? NEXT ! Et pour la blague, je suis même retournée vers un ex.

C’est là que j’ai réalisé à quel point je cherchais à être rassurée. Mon homme doit être un pilier, une sorte de figure protectrice. Mais ce besoin de supériorité n’est pas né de nulle part…

Un modèle façonné par le cinéma, Netflix et la société

Regarde les films et les séries : l’homme est toujours plus grand, plus fort, plus riche, plus charismatique. Même quand l’acteur n’est pas si grand, on triche avec la caméra pour qu’il domine la femme.

Exemple parfait : 50 nuances de Grey.

  • Elle reste en ballerines tout le film pour ne jamais dépasser son Christian.

  • Lui est plus riche, plus cultivé, plus sportif, avec un réseau social plus développé.

  • Elle vit dans son monde, rarement l’inverse.

  • Et évidemment, il devient son mentor jusque sous la couette.

Soyons franches : si Grey avait été au RSA, habillé chez Kiabi, chauffeur de bus, on n’aurait pas eu le même engouement mondial. Ce n’est pas le personnage, c’est le package social et esthétique qui nous fait fantasmer.

Et ça ne date pas d’hier. De Pretty Woman à 365 jours, en passant par toutes les romcom Netflix de ces dix dernières années, le scénario est quasi toujours le même : l’homme élève la femme vers son univers, jamais l’inverse. Et surtout, l’homme upgrade la femme comme pour la sauver

Ce conditionnement commence tôt. Dès l’enfance, on éduque encore souvent les filles à “bien se tenir” et les garçons à “prendre des risques”. La petite fille rêve du prince charmant “plus fort qu’elle”, le garçon entend qu’un homme ça ne pleure pas et qu’il doit protéger. On s’étonne après que les couples rejouent ces scripts.

Couple complice en soirée au restaurant, une femme souriante se sent valorisée et plus belle aux côtés de son partenaire – vie de couple, amour et confiance
En société, être avec un homme qui me met à l’aise, qui me complète et qui me sublime, c’est essentiel. Parce qu’un couple, c’est aussi ce reflet qu’on projette ensemble aux yeux des autres.

Et si c’était lourd aussi pour les hommes ?

Parce qu’il faut bien le dire : cette injonction de l’homme “plus” que sa compagne, c’est aussi un poids énorme pour les hommes eux-mêmes.

Ils doivent être plus forts physiquement (muscles obligatoires). Plus intelligents (surtout pas se laisser “dominer” par une femme brillante). Plus vieux (parce que sinon c’est un “toy boy”). Plus riches (parce qu’une femme qui gagne plus que son mari, ça met encore mal à l’aise beaucoup de monde).

Un homme doit performer. Dans son boulot, dans ses relations, dans son couple, dans son lit. Pas le droit d’être vulnérable. Pas le droit d’avouer ses doutes. Pas le droit de dire qu’il est fatigué.

Et dans nos couples, ça devient une danse infernale :

Moi, inconsciemment, je cherche à tester, à voir s’il peut être “le plus”.
Lui, il doit entretenir cette image rassurante, quitte à se mettre la pression.

Pas étonnant que ça crée des conflits. Parce qu’au fond, on ne cherche pas un partenaire, on cherche un héros. Et eux, ça les épuise.

Trouver l’équilibre au quotidien

Aujourd’hui, je me rends compte qu’il y a un travail psychologique à faire. Lui comme moi.
Lui, il apprend à ne pas tout porter. À m’aider à me décharger, plutôt que de jouer les super-héros invincibles.
Moi, j’apprends à lâcher prise. À accepter que mon homme ne soit pas parfait. À arrêter de chercher en lui ce que je ne suis pas moi-même.

C’est un vrai apprentissage. Un mantra : l’amour n’est pas une compétition. On n’est pas dans un film Netflix. Il faut savoir éteindre la télé pour écrire notre propre scénario.

Parce qu’au fond, un couple qui dure, ce n’est pas une histoire de supériorité. C’est une histoire d’équilibre, de complicité. De communication. De respect. De petites attentions du quotidien. De ce fameux “je rends ta vie plus belle et tu rends la mienne plus douce”.

Moins de cases à cocher, plus de vraie vie pour nous

On vit toutes et tous avec ce formatage. Ce bip de modèle nous oblige à nous surveiller en permanence. Les femmes à vérifier que leur homme est “assez plus” pour elles. Les hommes à prouver sans cesse qu’ils en font assez pour rester “au-dessus”. Et franchement, ça fatigue tout le monde.

Alors qu’est-ce qu’on fait, concrètement ?

Ces injonctions nous pèsent, mais elles ne sont pas une fatalité. On peut changer notre regard, étape par étape :

1. On apprend à mieux accepter nos imperfections.

À arrêter de fixer notre regard sur les cases non cochées et à valoriser celles qui le sont déjà. Peut-être qu’il n’est pas plus grand, mais il t’écoute mieux que personne. Peut-être qu’il n’est pas le plus cultivé, mais il sait te faire rire quand tu as la tête pleine. Ça aussi, ça compte, et même beaucoup.

2. On cherche l’équilibre

On reconnaît que la charge mentale des femmes est un vrai fléau, et qu’on a besoin que nos hommes s’y impliquent davantage. Oui, ils doivent nous aider à nous alléger au quotidien. Mais en miroir, on doit aussi lâcher du lest : un homme n’est pas une cape de super-héros, c’est un partenaire.

3. On change notre perspective

L’homme n’est pas censé être un meilleur substitut, mais un complément. C’est ça, la vraie clé.

Et je ne dis pas que c’est facile. Ça fait vingt ans que je suis en couple, guidée par cette croyance que mon homme devait toujours être “plus que moi”. Mais au fil du temps, j’ai compris que ce n’était pas la supériorité qui faisait durer une relation, c’était l’équilibre. L’équilibre entre ses forces et les miennes, entre mes fragilités et les siennes.

Et toi, pourrais-tu sortir avec un homme plus jeune, plus petit, moins diplômé ?

Ou mieux : pourrais-tu lui donner la valeur qu’il mérite pour ce qu’il est, et pas seulement pour ce qu’il “coche” ?

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